Elève de l'école polytechnique (1861-63) puis de l'Ecole des Ponts et Chaussées (1863-66) Auguste Choisy aura un parcours atypique par rapport à ses condisciples et restera célèbre comme historien de l'architecture. S'inscrivant dans la tradition de Jean-Baptiste Rondelet et de Viollet-le-Duc, son œuvre écrit - dont les ouvrages les plus célèbres sont l'Art de bâtir chez les Romains (1873), l'Art de bâtir chez les Byzantins (1883), et son Histoire de l'architecture (1899) – se caractérise par une attention précise portée aux méthodes constructives employées aux différentes époques.
Dans cette communication, centrée sur les années de formation, on montrera tout d'abord que Choisy est bien un « produit » de la réforme Le Verrier, qui à partir des années 1850 réoriente le curriculum de l'Ecole polytechnique vers les applications et l'éloigne de l'enseignement purement théorique développé par Laplace ou Cauchy. L'importance accordée à l'architecture, comme aux divers modes de représentation de l'espace – géométrie descriptive, axonométrie, perspective – domaines dans lesquels il excellera, a surement pesé dans la carrière future du jeune polytechnicien.
Mais on insistera également sur la formation que reçue Choisy en sciences humaines, en histoire à l'Ecole polytechnique, en économie et en droit aux Ponts et Chaussées. Par le plus grand des hasards, Choisy fut en effet élève à Polytechnique de Victor Duruy, la seule année où un cours d'histoire fut dispensé. Nommé par l'Empereur professeur au début de l'année universitaire 1862-63, Duruy deviendra ministre de l'instruction à la fin de cette même année, promotion qui mettra un terme pour longtemps à l'enseignement de l'histoire à l'Ecole polytechnique. Sans que l'on ait de traces explicites d'une relation personnelle entre Duruy et son jeune élève, on peut penser que l'enseignement d'un spécialiste de l'Antiquité ne fut pas sans influence sur le devenir de celui qui allait devenir l'un des pères fondateurs de l'histoire de la construction.