Les sciences humaines dans les parcours scientifiques et techniques professionnalisants : quelles finalités et quelles modalités pratiques ?
7-8 févr. 2013 Créteil (France)
La sociologie pour préparer au monde du travail : récit d'une expérience d'enseignement auprès d'élèves-ingénieurs
Gérald Gaglio  1@  
1 : Tech-CICO
Universit�e Technologie de Troyes

Cette communication relatera de manière réflexive une pratique d'enseignement débutée il y a dix ans en sociologie des organisations à l'Université de Technologie de Troyes (UTT). L'originalité de cet établissement est d'être une université (c'est-à-dire dispensant des savoirs universels) délivrant des diplômes d'ingénieurs (visée professionnalisante). Accueillant des étudiants à l'issue de leur baccalauréat, l'UTT, à l'instar d'autres établissements, propose un tronc commun de deux ans. Une spécialisation en branches (mécanique, matériau, etc.) s'ensuit. Nous enseignons principalement dans la branche « Informatique et Systèmes d'Information », plus particulièrement dans la filière « Management des Systèmes d'Information ».

Le cursus des élèves-ingénieurs est jonché de stages, notamment un long de six mois après le premier semestre de branche. Ce stage représente un terreau d'expériences à même d'alimenter et d'orchestrer la pédagogie de nos enseignements, que les élèves-ingénieurs considèrent peu souvent, spontanément, comme « utiles ».

En nous revendiquant d'une conception non utilitariste de l'utilité, nous étayerons le dispositif pédagogique pivot mis en œuvre. Il consiste à revenir sur l'expérience de stage de six mois des élèves-ingénieurs, en partant de leurs étonnements, de leurs incompréhensions, de leurs déceptions, etc. Ceux-ci sont consignés dans les premiers temps de l'enseignement, individuellement puis en groupe, en sorte de parvenir à une problématique commune. Le chemin consiste à passer d'un sujet vaste ou au contraire ciblé (la rétention d'informations) à un questionnement construit avec l'enseignant (quels sont les motifs, dans le cadre de l'action organisée, qui incitent à ne pas coopérer ?). Cette problématique sera élucidée par des données de contexte et le recours à de grandes théories de la sociologie des organisations (analyse stratégique, culturelle et identitaire, théorie de la régulation sociale et du don).

Ce dispositif s'inscrit dans un apprentissage pensé comme une progression : l'assimilation de notions et de théories que les élèves-ingénieurs doivent être capable de restituer in abstracto, lors d'un examen écrit en milieu de semestre ; la mobilisation de ces outils conceptuels pour appréhender des cas relatant des situations de travail et/ou des récits de transformation technico-organisationnelles (en séance de travaux dirigés) ; la convocation, enfin, de ce matériau, afin d'éclairer sous un jour nouveau leur propre expérience.

Ceci étant, cette démarche n'est pas exempte de difficultés, comme :

- La complexité de passer de faits concrets vécus subjectivement à une mise à distance critique,

- La concurrence avec une pensée managériale pressée,

- La volonté parfois précipitée d'en arriver à une « solution », en conformité avec le mode de raisonnement classique de l'ingénieur.

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Or, opter pour une solution ne peut faire l'économie d'un diagnostic, d'un détour par la formulation du problème traité, celui-ci ayant nécessairement des dimensions sociales et organisationnelles. Au final, nous défendrons l'idée d'une préparation des élèves-ingénieurs au monde du travail par des enseignements de cette nature. En effet, opérer ce retour sur un stage long à l'aide d'un regard sociologique permet d'anticiper des situations futures, des obstacles à surmonter, de mieux connaître la nature des relations qui se tissent au travail.

 


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