Les médecins en exercice sont confrontés dans leur vie professionnelle à de nombreuses problématiques qui n'ont pas été abordées lors des études de médecine (Fournier, Kerzanet, 2006) En effet, l'annonce d'une mauvaise nouvelle, la gestion d'un conflit, l'incertitude, l'agressivité d'un patient, les situations interculturelles, la remise en cause de la légitimité du médecin, les demandes abusives sont autant de situations auxquelles le médecin doit être préparé en amont de sa mise en activité. La gestion de ces situations, les futurs médecins l'apprennent actuellement dans la pratique avec leurs premiers patients. La mise en place d'une pratique de réflexivité relève souvent du cas par cas en fonction des services, du compagnonnage, des médecins formateurs. 

Trois enseignants-chercheurs (anthropologie, psychologie clinique et psychologie sociale), ont élaboré des formations qui mobilisent des outils comme la reformulation, l'écoute active, la recherche d'information...

De ces échanges il ressort que l'écoute et la capacité à communiquer au patient dans son propre langage manquent aux médecins en formation. En nous appuyant sur les travaux menés à Nantes (Bonnaud-Antignac et al, 2009) et au Canada (Richard, Lussier, 2006), nous avons pensé des mises en situation où la problématique de départ est médicale mais où la difficulté se situe dans la relation. Les scénarii sont élaborés en lien avec les médecins pour leurs assises médicales et écologiques, puis joués par les étudiants sous forme de courtes séquences filmées. Ces séquences sont ensuite débriefées au moyen d'une grille par le formateur accompagné d'un médecin. Le psychologue et le médecin apportent leur expertise sur la situation et échangent sur le déroulement de la simulation. Des notes sont prises au cours des débriefings et sont restituées à l'ensemble des étudiants en fin de formation.

Sur les deux sessions prévues (une en cours, la seconde au S2), les retours des étudiants seront présentés lors de la communication. Il est toutefois à signaler qu'un nombre important d'étudiants exprime le souhait qu'une troisième session soit organisée par la faculté après l'ECN ce qui semble très encourageant.

Cette formation innovante est étroitement associée à un ensemble de recherches sur l'évaluation de la relation et de la communication médicale (e.g., Calvez et al, 2012). Elle s'inscrit aussi dans une démarche de collaboration avec d'autres facultés de médecine du Grand Ouest (Brest, Nantes, Rennes) et à l'international avec le Canada.

Les SHS et les humanités apportent à la formation en médecine des réponses à des problématiques spécifiques de recherche et de formation tout en répondant à des questions posées par la société civile dont l'enjeu humain est capital.

L'aspect matériel, humain et technique est conséquent : mobilisation de salle équipée de plusieurs caméras et technicien associé. Travail en binôme d'un EC en psychologie et d'un médecin. Le tout sur une quinzaine de sessions de trois heures pour 12 participants étudiants à chaque fois. Ce dispositif implique enfin de créer un climat de confiance en peu de temps, et de mobiliser l'intérêt de futurs internes qui sont focalisés sur leur réussite à l'ECN.