Les études d'infirmiers sont dorénavant universitarisées. Enseignante en sociologie à l'université et en Instituts de Formation en Soins Infirmiers depuis une douzaine d'années, aujourd'hui chargée des cours de sociologie à Paris IV, je suis à la croisée des deux champs d'application du nouveau programme. Existe-t-il une manière trans-institutionnelle pour enseigner une discipline telle que la sociologie ? Comment mais aussi pourquoi enseigner la sociologie à de futures infirmières ? Car l'intérêt d'une telle problématique n'est pas seulement pédagogique, elle permet surtout de réfléchir aux finalités de l'enseignement des sciences humaines et par là même aux fondements mêmes de la sociologie. Il s'agit d'analyser mon expérience pédagogique auprès des étudiants infirmiers, d'en tirer quelques constats sur les obstacles rencontrés et de contribuer de façon générale à une réflexion sur le tournant praticien observé par Odile Piriou (2008).
La communication présentera donc un descriptif de cette universitarisation. Certes, un détour par la genèse de la formation et la place progressive qu'y occupe les sciences sociales, semble indispensable. D'une simple initiation à la sociologie, le programme actuel propose à la sociologie de contribuer à la construction de la compétence 6 : « Communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins. » - et partiellement à la compétence 4 : « Mettre en œuvre des actions à visée diagnostique et thérapeutique ». A partir de ce développement nous pourrons alors tenter de comprendre les difficultés rencontrées. Se posent alors les questions de l'utilité (Dubet, 2011) (Lahire, 2005) et de la mobilisation des savoirs sociologiques, du lien avec les autres unités d'enseignement, mais aussi de la nécessité d'aborder la formation à travers un référentiel de compétences, de travailler avec de nouveaux partenaires dans une nouvelle institution... autant d'interrogations rencontrées lors de mes recherches auprès des étudiants et formateurs.
Si l'objectif de cette communication consiste donc à exposer les expériences de l'enseignement de la sociologie, l'objet principal de la communication n'en reste pas moins la façon (et les raisons) dont nous sommes passé d'une science transversale à une science dite contributive et finalement l'analyse se propose d'interroger la place accordée au regard sociologique dans la profession infirmière.
-Claude Dubar, in Bernard Lahire, A quoi sert la sociologie, La découverte, 2002
- François Dubet, A quoi sert vraiment un sociologue ?, Armand Colin, 2011
- Odile Piriou, « Le nouveau tournant de la sociologie en France », Sociologie pratique, n°16, 2008
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