Les sciences humaines dans les parcours scientifiques et techniques professionnalisants : quelles finalités et quelles modalités pratiques ?
7-8 févr. 2013 Créteil (France)
Pour une recherche technologique en sciences humaines et sociales
Charles Lenay  1, *@  , Pascal Salembier  2@  , Pierre Lamard  3@  , Loic Sauvee  4@  
1 : Connaissance et Organisation des systèmes techniques  (COSTECH EA 2223)  -  Site web
Université de Technologie de Compiègne
Centre Pierre Guillaumat B.P.60319 60203 COMPIEGNE Cedex -  France
2 : Tech-CICO  -  Site web
Université de Technologie de Troyes, CNRS : FRE2732
12 rue Marie Curie - BP 2060 - 10010 Troyes cedex -  France
3 : Recherches et Etudes sur le Changement Industriel, Technologique et Sociétal  (RECITS)  -  Site web
Université de Technologie de Belfort-Montbeliard : EA3897
90010 BELFORT Cedex - FRANCE -  France
4 : Processus d'Innovation, Compétitivité dans l'Agriculture et la Ruralité & Territoires  (PICAR-T)  -  Site web
Institut catholique de Paris
19 r Pierre Waguet BP 30313 60026 BEAUVAIS CEDEX -  France
* : Auteur correspondant

Les éternels discours pour dépasser l'opposition des deux cultures, entre sciences de l'homme et sciences de la nature (sciences de la matières, sciences de la vie), semblent toujours buter sur de mêmes écueils : partages de territoires, disputes aux frontières, indifférence ou rapports hiérarchiques d'instrumentalisation réciproque. Ces questions sont particulièrement sensibles dans le contexte des centres technologiques comme les écoles d'ingénieur où l'enseignement en sciences humaines et sociales est souvent soumis à une série d'injonctions illusoires comme « adapter les ingénieurs à l'environnement socio-économique » ; « favoriser l'acceptabilité sociale du changement technique » Il nous semble que de telles incompréhensions résultent en partie d'une coupure entre enseignement et recherche, coupure particulièrement significative autour de la question technique.

L'enseignement et la recherche en sciences humaines et sociales dans les Universités de Technologies françaises se sont développés d'une façon originale et ont progressivement élaborés quelques solutions à ces difficultés. Depuis les premières propositions de Guy Denielou (président-fondateur de l'Université de Technologie de Compiègne en 1972) pour un « Ingénieur philosophe », ces écoles ont intégré 20 à 30% d'enseignements en SHS dans la formation de leurs ingénieurs, et ont progressivement créés des équipes de recherche associées en SHS et des équipes de recherche pluridisciplinaires comportant une composante SHS forte (Costech à l'UTC, TechCICO et le CREIDD à l'UTT, Récits à l'UTBM).

Alors que ces équipes, également associées à l'équipe PICAR-T de LaSalle Beauvais, sont engagées dans un processus de rassemblement au sein d'un Groupement d'Intérêt Scientifique UTSH (Unité des Technologies et des Sciences de l'Homme) elles ont proposé quelques éléments réflexifs sur la démarche originale en SHS qui s'est peut à peut dégagée de ce contexte technologique.

La question de la technique est partagée par les sciences de l'homme comme par les sciences de la nature. Et pourtant, les velléités de l'interdisciplinarité sans cesse annoncées échouent souvent à mettre en œuvre un réel travail commun. Les deux écueils, biens connus mais toujours renouvelés sont d'une part, une opposition entre culture et technique et d'autre part, un rôle purement instrumental et subalterne de la technique ou réciproquement l'instrumentalisation des sciences humaines au service des développements industriels.

Dans tous les cas, il n'y a pas de véritable dialogue interdisciplinaire, les apports et questions ne viennent pas d'une problématique interne de chaque discipline, mais relèvent simplement de l'application de savoir déjà suffisamment constitués. Il y a une extériorité et une opacité des techniques pour les SHS, comme il y a une extériorité et une opacité des SHS pour les technologues. Ceci conduit à admettre sans critique diverses formes d'essentialisme ou de substantialisme pour les savoirs importés, ce qui est particulièrement inadéquat pour le domaine essentiellement changeant de la technique et des usages. Ni les connaissances des contraintes techniques, ni les connaissances des pratiques humaines, ne sont des choses fixes, stabilisées, mais bien seulement des objets pour une recherche toujours en cours.

Ainsi, notre ambition est de proposer une recherche philosophique et scientifique qui prend les outils et systèmes techniques pour ce qu'ils sont, des faits humains, à la fois constitués et constituants.



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