Les sciences humaines dans les parcours scientifiques et techniques professionnalisants : quelles finalités et quelles modalités pratiques ?
7-8 févr. 2013 Créteil (France)
Des technologies contemporaines à l'élaboration d'une grammaire technique
Guillaume Carnino  2, 1, *@  
2 : Centre Alexandre Koyré - Centre de Recherche en Histoire des Sciences et des Techniques  (CAK-CRHST)  -  Site web
CNRS : UMR8560, Museum National d'Histoire Naturelle : USM101, Cité des Sciences et de l'Industrie, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Muséum National d'Histoire Naturelle Pavillon Chevreul 57, rue Cuvier 75231 Paris cedex 05 -  France
1 : Université de Technologie de Compiègne  (UTC (HuTech))  -  Site web
Université de Technologie de Compiègne : EA22-23
* : Auteur correspondant

À mesure que les prophéties technologiques enthousiastes se succèdent (le numérique comme ouverture de la démocratie, la recherche énergétique comme solution à la crise écologique, etc.), l'idée même d'un déterminisme technologique est sans cesse refoulée au point de produire un leitmotiv lancinant décrivant la technique comme absolument neutre et totalement dépendante des usages qui en seraient faits – un jugement d'une abstraction théorique très éloignée des réalités de la production technologique concrète, pétrie de contraintes et de filiations déterminées.

À la lueur d'enseignements variés (à l'École Polytechnique, l'École Normale Supérieure, au CNAM, à l'ENSTA, à l'UTC, en classes préparatoires, etc.) qui constituent l'arrière-plan de notre réflexion, il nous semble que cette vulgate, en apparence paradoxale (la technologie promet tout, mais en réalité elle est neutre et ne promet rien), est d'année en année davantage prégnante au sein des univers pédagogiques consacrés à l'ingénierie.

Cependant, si cette vision réductrice et au fond peu informée est récurrente, l'histoire, la philosophie et la sociologie des techniques nous ont appris combien il fallait complexifier notre perception de l'univers technologique pour en saisir ses aspects les plus fondamentaux.

Faisant appel à diverses approches théoriques (analyse des large technical systems [Gille, Hughes, Gras], à mécanologie et à l'organologie [Simondon, Stiegler], à la théorie de l'acteur-réseau [Callon, Latour], à la technologie générale [Beckmann, Sigaut], à l'analogie technique [Hilaire-Pérez, de Beaune], au basculement technologique [Fressoz, Jarrige], etc.), en vue de les unifier sous une bannière commune, nous tenterons de proposer l'ébauche d'une grammaire technique, visant à établir les bases théoriques d'une compréhension des boucles d'actions et de rétroactions entre sociétés humaines et transformations technologiques.

Pour le formuler autrement, ce projet de grammaire technique s'arrime sur l'idée d'un refoulement, au sens psychanalytique du terme, des implications réelles de la technique dans nos sociétés contemporaines : à mesure que l'impact des technologies sur la biosphère et la vie en général s'accroît, la pensée de ces transformations semble être celée en un point aveugle de nos sociétés. Alors même que le fait technique est probablement le phénomène actuel le plus signifiant et le plus déterminant, il existe très peu d'outils théoriques pour s'en emparer et l'analyser, y compris au sein des espaces pédagogiques dévolus à la formation des futurs ingénieurs !


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