Les sciences humaines dans les parcours scientifiques et techniques professionnalisants : quelles finalités et quelles modalités pratiques ?
7-8 févr. 2013 Créteil (France)
Les effets secondaires d'une collaboration entre psychopédagogues et biologistes dans le cadre de la préprofessionnalisation.
Hervé Duchauffour  1, 2@  
1 : Centre de recherche sur les liens sociaux  (CERLIS)  -  Site web
CNRS : UMR8070, Université Paris Descartes
Centre des Saints-Pères 45 rue des Saints-Pères 75006 PARIS -  France
2 : IUFM de Paris-Université Paris-Sorbonne  -  Site web
Université Paris-Sorbonne - Paris IV
56 boulevards des Batignolles 75017 Paris -  France

Les études nombreuses ont montré les difficultés de l'université à garder ses étudiants de première année et à accompagner les autres sur le chemin de l'emploi. L'injonction étatique sous la forme du « Plan réussite en licence » a conduit à la mise en place d'actions de formation visant à éradiquer ce problème. Le département « Sciences de la nature et de la vie » (SNV) de l'université Paris-Diderot a mis en place un dispositif de préprofessionnalisation dont les enjeux tendent à répondre à cette obligation de réussite. Mais, comment s'articulent les besoins locaux avec les enjeux nationaux ? Quelles visées réelles et quels effets cachés produisent ces actions de formation ? Quelles sont les voies empruntées pour y parvenir ? C'est pour pouvoir répondre à ces questions que les acteurs, étudiants et professeurs, ont été sollicités et leurs propos analysés au regard du contexte institutionnel dans lequel ils ont été produits.

La mise en place du « Plan réussite en licence » est une commande qui convoque une interprétation qui est menée par les responsables de formation Ils constatent la difficulté des étudiants à se réaliser dans leurs études et à se projeter professionnellement. Ainsi, voir ses espoirs déchus de devenir médecin n'invite pas particulièrement à s'investir dans des études qu'on choisit par défaut, d'autant plus que le choc émotionnel n'est pas dépassé. Découvrir que le monde du laboratoire n'est pas ce qu'on avait imaginé est aussi motif de découragement. Autant de situations que l'enseignant doit prendre en compte et doit accompagner pour que l'étudiant réussisse. Mais, le professeur parfaitement à l'aise dans son laboratoire n'est pas particulièrement préparé à faire face à ces obstacles et à cette demande nouvelle. Les enseignants en poste peuvent légitiment s'interroger sur ce rôle qu'on veut leur faire jouer et avoir des réticences, voire des résistances. C'est pour surmonter ses obstacles qu'ont été construites les actions de formation faisant intervenir des enseignants de sciences humaines dans un département de SNV. Il s'est agi de penser l'étudiant dans sa globalité et pas simplement comme un laborantin novice. Les effets produits par ces modules de formation coanimés par un scientifique et un enseignant issu des sciences humaines sont multiples. Ces actions amènent l'étudiant à se montrer sous un jour différent, dans ses espaces de réussite, à s'exposer dans des domaines variés ; à prendre conscience de la rigueur du monde du travail ; à réaliser l'écart qu'il peut y avoir entre ses représentations d'un métier et la réalité. Tout cela est possible par un enseignement qui ne relève pas du cours mais d'un dispositif de formation spécifique, comme le jeu de rôle. Déstabilisant pour l'étudiant, celui-ci l'est tout autant pour les enseignants scientifiques. C'est en analysant ses pratiques différentes que se produisent les effets « inattendus » de ce type d'action : la formation des enseignants qui sont conduits à repenser leur manière d'être et de faire face aux étudiants.


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