Les sciences humaines dans les parcours scientifiques et techniques professionnalisants : quelles finalités et quelles modalités pratiques ?
7-8 févr. 2013 Créteil (France)
Les modules d'histoire des sciences dans les formations scientifiques
Anouk Barberousse  1@  
1 : UMR Savoirs, textes, langage  (STL)
Université Lille 1, Université Lille 3, CNRS : UMR8163

Dans une université idéale, les modules d'histoire des sciences dans les formations scientifiques ont pour but d'enrichir la formation scientifique reçue par ailleurs, d'approfondir avec les étudiants le sens et la portée des principaux concepts, de les sensibiliser à la dimension historique de leur discipline et de l'activité scientifique en général. Dans le meilleur des cas, ils attirent certains étudiants vers des cursus dévolus aux études sur la science.
Dans l'université réelle, les étudiants en sciences ont "choisi" l'université par défaut ; ils ne se sentent pas impliqués dans leur formation ; ils subissent au jour le jour les heures de cours sans y trouver grand sens ; tout enseignement qui n'est pas strictement balisé est considéré comme suspect d'inutilité. Bref, les modules d'histoire des sciences apparaissent au mieux comme des cours comme les autres.
Face à ce constat, surtout vrai des premières années, les enseignants en histoire des sciences de l'Université Lille 1 ont réfléchi à plusieurs solutions pour faire des modules d'histoire des sciences de la formation en licence. L'exposé en présentera quelques-unes.
- Par nature, les séances d'histoire des sciences sont différentes des autres séances de la semaine : l'enseignant n'écrit pas d'équations au tableau, les modalités d'évaluation reposent moins sur la répétition d'exercices calibrés. Notre proposition est d'approfondir encore cette différence ressentie par les étudiants et de faire des modules d'histoire des sciences des lieux où les étudiants pourraient devenir moins passifs et davantage acteurs de leur formation. Grâce à la dimension réfléxive de ces modules, les étudiants sont obligés de mettre les autres enseignements en perspective, ainsi que leur propre place au sein de l'université. Il nous semble que ces modules sont particulièrement susceptibles de participer à la transformation d'élèves de lycées en étudiants dynamiques (ou idéaux).
- On objectera peut-être que faire de la sorte revient à rabaisser l'histoire des sciences du rang de discipline acacémique comme les autres à celui de pouvoyeuse de soutien psychologique aux étudiants, mettant par là en péril son staut, souvent conquis de haute lutte, dans les universités scientifiques. A cela nous répondons que pour la licence, nous devrions avoir tourné la page de ces considérations éthérées, car le quotidien des étudiants (et donc des enseignants) est autrement plus difficiles : le pourcentage d'étudiants salariés augmente sans cesse, l'ennui est souvent bien partagé entre les enseignés et les enseignants, qui se demandent tous "quel sens ça a" de passer autant d'heures à répéter des corrigés d'exercices, le taux d'échec en première année est partout alarmant. Dans ce contexte, nous suggérons une attitude volontariste plutôt que conservatoire consistant à faire feu de tout le bois de l'histoire des sciences pour transformer le rapport douloureux entre les étudiants, leurs études, et leurs formateurs.

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